Harry's B.Life
Roman de Nicolas Maluca
Pour comprendre les raisons qui ont poussé son frère Harry à se suicider, Alice, une jeune professeure, doit plonger dans un univers inconnu : B.Life, la dernière application à la mode, un réseau social au monde virtuel.
Quelle était cette existence parallèle qu'Harry vivait depuis sa chambre ? Qui étaient ses amis ? Quels étaient ses projets ? Pourquoi le menaçait-on ?
C'est en explorant ce monde stimulant et terrifiant, où tout est permis, qu'Alice trouvera les réponses à ces questions.
Mais dans cette quête de vérité, saura-t-elle résister à l'attraction de B.Life ?
Amis, amours, voyage, paillettes, liberté, publicité, influenceurs, jeux, abonnés, haters, sexe, pouvoir et violence forment le mélange explosif de ce thriller palpitant.
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Questions
Comment est venue l'idée du roman ?
C'est l'une de ces idées que j'avais dans mon tiroir. Elle remonte à 2012 ou 2013 environ. Dans mes notes de l'époque, j'avais déjà le nom du réseau social, le titre et l'idée générale d'une sœur qui retraçait le parcours de son frère suite à son suicide. Je ne savais pas si c'était pour en écrire un scénario ou un roman. Mais cette idée a muri au fil du temps, puisque les réseaux sociaux ont évolué durant toutes ces années.
Les réseaux sociaux, c'est le thème central du roman, pourquoi ce sujet ?
Parce que c'est un sujet qui fait partie de notre quotidien, qui peut avoir des répercussions sur notre société, notre démocratie et j'ai la sensation que nous ne sommes pas assez éduqués à leur utilisation. Ce n'est pas un hasard si mon héroïne est professeure. Cependant, je parle des réseaux sociaux, mais je n'aborde pas tout sur le sujet. Par exemple, je n'évoque pas l'escroquerie comme le vol de données privées, le vol d'identité, le phishing, etc. C'est plutôt l'aspect psychologique qui m'intéressait : la perte de temps, l'altération de l'image de soi, l'influence, la dépendance, le harcèlement, l'intimidation. Mais tout n'est pas noir et blanc. J'essaye aussi de montrer que le sujet est complexe, qu'il n'y a pas de réponse toute faite. C'est pour ça que je pense que l'éducation, la formation à ces outils est fondamentale.
Es-tu un gros consommateur de réseaux sociaux ?
En termes de lecture de contenus, je suis dans la moyenne. Je regarde beaucoup YouTube, des chaines qui parlent de cinéma, musique, poker ou société. Je suis des personnalités, des amis sur Instagram que je préfère à Facebook. Enfin, je regarde TikTok de temps en temps, plus pour voir ce qui se fait que par vrai intérêt. En tant que fournisseur de contenus, par contre, je suis très mauvais. Je sais que je devrais être plus régulier pour être plus visible, mais je ne trouve rien de passionnant à raconter. Mon quotidien est assez banal comparée à celui de mes personnages et ça me va bien. Mais bon, je dois faire des efforts sur ce point.
C'est quoi B.Life ?
C'est une application créée en 2019 par un américain, Bruce Kramkgzer. C'est un mélange entre réseau social et jeu vidéo. L'application a explosé en mai 2020 grâce à la pandémie du COVID. Avec un compte B.Life vous gérez un avatar qui va pouvoir interagir avec les autres utilisateurs, travailler, vendre, acheter, se divertir, voyager, créer. Les plus grandes enseignes ont leur boutique dans les principales villes de B.Life.
Peux-tu dire quelques mots sur Alice, ton héroïne ?
Alice, c'est une femme de 26 ans, professeure de français dans un collège-lycée. Elle est un peu désabusée comme beaucoup de ses collègues. Elle vient de perdre son frère Harry qui a 6 ans de moins. Ils n'ont jamais été très proches, à cause de leur différence d'âge, pense-t-elle. Elle se pose une question légitime : si elle avait été plus présente près de son frère, se serait-il suicidé ? Aurait-elle pu l'en empêcher ? Si les réseaux sociaux sont le sujet principal du roman, la colonne vertébrale du récit c'est le thème du deuil. Les quatre grandes étapes du deuil forment la structure de mon histoire : le choc, la connexion avec l'être disparu, la destruction et la renaissance.
Les premières pages
1
Tout a commencé le vendredi 13 janvier quand maman a poussé la porte de la salle de bain. J’aurais voulu me trouver près d’elle à ce moment précis. Je l’aurais prise dans mes bras, je l’aurais serrée fort, je l’aurais soutenue comme une canne qui vous garde debout quand vos jambes flanchent. Mais elle a dû affronter cette épreuve toute seule et j’ignore où elle a trouvé la force de ne pas tomber.
Je ne l’ai jamais interrogée sur cet instant pour ne pas l’obliger à le revivre. Alors, pendant longtemps, j’ai tenté de reconstituer la scène, imaginer chaque seconde, inventer chacun de ses gestes. J’avais beau essayer de penser à autre chose, les images revenaient sans cesse. Quand je cherchais le sommeil le soir, quand je me levais le matin, quand j’attendais le métro ou quand je surveillais mes élèves de première. Cette question revenait sans cesse : que pouvait ressentir une maman à cet instant précis ?
Comme tous les vendredis, elle a quitté son bureau à dix-sept heures. Maman travaille au service paie d’un grand centre commercial. J’imagine que c’est avec un grand sourire qu’elle a souhaité un bon weekend à ses collègues. Le sien s’annonçait très agréable. Carole, une de ses amies d’enfance, avait invité mes parents dans sa maison de campagne pour les deux jours. Au programme : promenades en forêt, pêche sur le lac et parties de cartes autour du feu. Oui, elle devait sourire en quittant le travail. Elle est montée dans sa voiture et a parcouru les vingt-cinq kilomètres jusqu’à son domicile en écoutant la radio. Je parie qu’elle chantait même ! Elle s’est garée dans la cour, a vérifié le courrier dans la boite aux lettres puis elle est entrée dans la maison en prévenant mon frère :
— Harry, c’est moi !
Harry n’avait pas cours les vendredis après-midi. Souvent, il déjeunait à la maison. Plus rarement, il partageait le repas avec ses camarades au restaurant universitaire et rentrait juste après. Dans tous les cas, maman le trouvait toujours à la maison à dix-sept heures trente.
— Harry ! Je suis rentrée !
Elle ne s’est pas inquiétée de son silence. Harry portait son casque audio sur les oreilles à longueur de journée, il n’y avait rien de surprenant à ce qu’il ne l’entende pas. Maman a donc vaqué à ses occupations au rez-de-chaussée avant de monter à l’étage. J’imagine qu’elle s’est étonnée de ne pas voir de lumière dans la chambre d’Harry, mais l’ordinateur ouvert sur le bureau et le téléphone juste à côté l’ont surement rassurée. Au moins, Harry était rentré. Elle a allumé le couloir et tenté une nouvelle fois :
— Harry, tu es là ?
Elle a inspecté chaque pièce de l’étage. Ce n’est pas une très grande maison. Après les toilettes, elle a posé la main sur la poignée de la porte de la salle de bain et a ouvert. La lumière s’est engouffrée et a soulevé le voile d’obscurité qui dissimulait l’horreur.
Là, dans son bain qui avait viré carmin, gisait mon frère, les poignets taillés à la lame de rasoir.
Ils ont aimé