La Chasse au Gnorgol
Roman Jeunesse de Nicolas Maluca
Inès et Arthur en ont assez ! Dans la maison, on les accuse de toutes les bêtises alors qu'ils n'y sont pour rien ! Inès décide de prendre les choses en main : elle va chasser le responsable de tout ça. Mais le coupable n'est pas celui qu'elle croit !
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Questions
Un roman jeunesse, c'est une première pour toi ?
C'est vrai ! C'est une envie que j'avais depuis la parution de mon premier roman, L'Orpailleur. Mes enfants voulaient le lire mais ce n'est pas du tout de leur âge. Alors, je leur ai promis que j'écrirai une histoire qu'ils pourraient lire. Je leur ai demandé de choisir le prénom des personnages. C'est ainsi que sont nés Inès et Arthur. Par ailleurs, j'avais cette idée de pitch depuis longtemps en tête.
C'est tiré d'une expérience personnelle ?
Oui. Mais je pense que cela parlera à beaucoup de famille. À chaque fois qu'on demande : “Qui a fait ci ?” ou “Qui a laissé trainer ça ?”, la réponse est toujours la même: “C'est pas moi !”. Pour citer Sébastien Bouton, le papa de l'histoire : “Dans cette maison, les bêtises se font toutes seules !”. Soit on garde son rôle de père de famille et on gronde les deux, soit on met sa casquette d'écrivain et on se dit : “Peut-être qu'ils disent la vérité. Et si quelqu'un d'autre faisait les bêtises à leur place ?”. J'avais le pitch. Les histoires commencent souvent par un “Et si…”.
C'est quand même un vrai roman…
Oui, c'est vraiment un roman, pour lire comme les grands. Pour l'agrémenter, Lucie Renaudeau a semé ici et là quelques croquis. Ça peut aider à la visualisation de certains détails. Pour les plus jeunes, je conseille de le lire en famille. Tout le monde y trouvera son compte.
Les grands aussi peuvent le lire ?
Oui, car ça parle du foyer familial, de la place de chaque membre. Les petits ne verront pas ce côté de l'histoire, mais les plus grands ne manqueront pas de reconnaitre certaines situations.
Les premières pages
1
La goutte qui fait déborder le vase
Le vase tourne sur son pied, hésite, puis chute de la petite commode jusqu’au sol.
C’était un joli vase chinois bleu avec des motifs dorés. Des arbres, des nuages et un arc-en-ciel entouraient un dragon à la longue queue. C’était un joli vase, avant qu’il ne se brise en mille morceaux dans un épouvantable vacarme.
En entendant cela, Sébastien Bouton sait qu’une nouvelle catastrophe s’est produite. Il tape du poing sur son bureau et bondit de sa chaise.
— Mais c’est pas vrai ! hurle-t-il. On ne peut pas travailler dans le calme sans avoir une bêtise !
Il déboule dans le couloir et découvre le pauvre vase écrasé au sol. De l’autre coté des débris, ses enfants, Inès, 10 ans et Arthur, 8 ans, contemplent la scène, stupéfaits.
— Vous avez cassé le vase de mamé ? demande leur père.
La mamé est la maman de Sébastien Bouton. Sébastien se moque bien de ce vase. Il ne le trouve pas très joli, mais c’est un objet que lui avait confié sa maman et elle, elle y tient beaucoup.
— Elle va être contente mamé de savoir que vous l’avez cassé !
— Mais ce n’est pas moi ! se défend aussitôt Inès.
— Moi non plus ! intervient Arthur.
— Ce n’est jamais vous ! Dans cette maison, les bêtises se font toutes seules ! Je vous demande une heure de calme le temps de terminer mon travail, mais ce n’est pas possible. Inès, tu prends le balai et tu me ramasses tout ça ! Je ne veux plus voir un seul petit morceau par terre.
— Quoi ? s’offusque Inès. Mais pourquoi moi ? C’est Arthur qui fait la bêtise et c’est moi qui dois la réparer ?
— Mais c’est pas moi Inès, tu n’es qu’une sale menteuse !
— Tu m’accuses ? J’étais dans ma chambre. Comment j’ai pu faire tomber le vase, hein ?
— Moi aussi j’étais dans ma chambre, alors c’est pas…
— Silence ! hurle Sébastien Bouton. Comme de toute façon, je ne saurais jamais qui est le coupable, vous êtes tous les deux punis. Inès, tu es la plus grande, tu nettoies.
— Pfff, toujours moi…
— Arrête de me répondre, Inès ! Je ne veux pas que ton frère se coupe avec la porcelaine. Arthur, pendant ce temps, tu vas mettre le couvert pour le diner. Ensuite, je veux vous voir chacun dans un coin du séjour à réfléchir à votre bêtise. Est-ce que c’est clair ?
Inès et Arthur soufflent.
— Je n’ai pas entendu ! dit Sébastien Bouton en tendant l’oreille.
— Oui… répondent les enfants sans enthousiasme.
Sébastien Bouton retourne dans son bureau et Arthur part à la cuisine.
Inès s’assoit dans le couloir. Elle examine l’étendue des dégâts. Des éclats de porcelaine ont volé jusque dans les moindres recoins, sous la commode et dans les joints des plinthes. Combien de temps lui faudra-t-il pour que tout soit propre ?
Elle entend son petit frère qui termine de disposer les couverts sur la table. Lui, il a le plus facile. Pourquoi elle a toujours les corvées les plus dures ? C’est vraiment injuste. D’autant qu’elle n’est pas responsable. Juré ! Elle jouait dans sa chambre quand le vase est tombé. C’est en entendant le bruit qu’elle a couru pour voir ce qui se passait. Et, comme par hasard, Arthur se trouvait déjà là.
— Je n’entends pas le balai, crie Sébastien Bouton depuis son bureau. Ça avance ?
— Oui, voilà, voilà… J’y vais.
En pestant, Inès récupère le balai et la petite pelle dans le placard puis commence son travail. Comme elle y met peu de bonne volonté, dix minutes sont nécessaires pour tout nettoyer. Enfin, Inès vérifie. C’est bon : le couloir ressemble à ce qu’il était auparavant. Un vase bleu en moins, bien sûr.
La jeune fille range le matériel et retourne dans le séjour. Elle choisit le coin opposé à celui où se trouve son frère et s’assoit en tailleur face au mur.
— Tu peux me remercier ! dit-elle.
— Pourquoi ? dit Arthur.
— D’avoir réparé ta bêtise.
— Mais ce n’est pas moi, je te dis.
— Bien sûr, monsieur le menteur.
— Eh ben oui, madame l’imbécile qui ne comprend pas ce qu’on lui dit.
— C’est toi l’idiot !
— Grosse patate !
— Andouille !
— Banane !
— Trompette de la mort !
— C’est quoi ? demande Arthur, surpris par cette insulte.
— C’est un champignon bien moche comme toi !
— C’est toi qui es moche, t’es tellement affreuse qu’on dirait Ursula !
— Et toi Jafar !
— Et toi Cruella.
— Arrête !
— T’es qu’une vilaine sorcière !
— Et toi t’es le plus méchant des petits frères qui existent sur terre et ça serait bien mieux si t’étais pas là, au moins j’aurais pas à réparer tes bêtises !
— C’est pas fini ! hurle Sébastien Bouton. J’ai dit que je ne voulais pas vous entendre ! Chacun dans son coin et vous la bouclez !
Inès plonge sa tête entre ses genoux pour tenter de se calmer. Elle respire profondément jusqu’à ce qu’elle ne ressente plus de colère. Dans le silence de la maison, elle entend seulement les reniflements d’Arthur. Il pleure. La jeune fille s’en veut aussitôt. Comme toujours, elle s’est emportée et ses mots ont dépassé ses pensées. Bien sûr qu’il est agaçant ce petit frère. Mais ce n’est pas le plus méchant de tous les petits frères de la terre. Le troisième, peut-être, se dit-elle en souriant.
La jeune fille pousse sur ses jambes pour glisser en silence. Sur les fesses, elle traverse le séjour jusqu’à son frère.
— Laisse-moi ! dit celui-ci en cachant sa tête dans ses bras.
— Excuse-moi, Arthur. Je ne pensais pas ce que j’ai dit. Tu n’es pas le plus méchant des petits frères.
Arthur ne réagit pas. Inès poursuit :
— Et c’est pas vrai que j’aurais aimé que tu ne sois pas là.
Arthur ne bouge toujours pas.
— Tu m’entends ?
Rien. Alors, elle décide de changer de stratégie.
— Par contre, c’est vrai que tu es moche comme une trompette de la mort !
— Pfff… fait Arthur en se retenant de rire.
— Tu me pardonnes ? demande la jeune fille.
Arthur sort la tête et dit :
— J’ai pas renversé le vase. C’est pas moi !
— C’est pas moi non plus, dit Inès. Qui c’est alors ?
— J’en sais rien, mais c’est pas moi.
Inès observe son petit frère pendant plusieurs secondes. Elle cherche dans ses yeux une trace de mensonge. Mais elle n’en trouve aucune. Il dit la vérité.
— Tu me le jures ? insiste-t-elle.
— Je te le jure, dit Arthur en levant la main.
— Et la poubelle renversée l’autre jour ?
— C’est pas moi.
— Et la purée étalée sur le mur ?
— Pas moi non plus.
— Et le rideau déchiré ?
— Je te le promets, Inès.
— Alors, si c’est le cas, ça veut dire que quelqu’un d’autre fait les bêtises à notre place.
— Mais qui ?
— Peu importe ! Y en a marre qu’on nous gronde ! On va le trouver et le chasser d’ici !
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